Au téléphone, ce jeudi matin, son ané, Rayan (22ans), parti lui aussi un peu avant combattre au sein de l'Etat islamique, tente de réconforter son paternel : Nidhal est au paradis maintenant. Il ne faut pas pleurer. C'est du moins ce que rapporte Mohamed Ayachi, un des dirigeants de l'équipe sahélienne, proche de la famille Selmi. A Sousse, tout le monde est sous le choc. Mais pas surpris. Chiheb Ben Fradj, son ami et coéquipier du jeune joueur à l'ESS depuis l'age de 7ans : Depuis la révolution de2011, Nidhal a doucement changé. Il ne voulait jamais parler de religion. Parfois, il quittait la table où l'on jouait au rami dans un café pour aller faire la prière. Mais jamais on n'a pensé qu'il irait là-bas. Dans l'après-midi du 16octobre, Radio Shems, une antenne de Tunis, confirme la nouvelle : Nidhal nike ninja sarenza Selmi, international tunisien dans toutes les sélections de jeunes (moins de 17ans, moins de18, moins de20) est mort dans une embuscade avec cinq de ses camarades à Raqqa, en Syrie, à 160kilomètres à l'est d'Alep. Cuisse. Décembre2013. Roger Lemerre vient d'être nommé coach principal de l'Etoile du Sahel. L'ancien sélectionneur des Bleus(1998-2002, champion d'Europe) et de la Tunisie(2002-2008, champion d'Afrique) détaille l'effectif, jauge les forces en présence. Il cherche un arrière droit, et Chokri Aissa (47ans), l'entraneur de l'équipe espoirs, lui propose une promesse, Nidhal Selmi. Je l'ai eu en junior mais là, chez les espoirs, il a connu une progression fulgurante, explique Aissa, enseignant à mi-temps. Il était volontaire, ambitieux, dur au mal. Il a fait deux séances avec les professionnels et M.Lemerre voulait le nike air rift france titulariser contre Tozeur [Ligue2 tunisienne, ndlr] en coupe le dimanche suivant. Comme il n'avait pas de contrat pro, ce n'était pas possible. C'est le règlement chez nous. "Comment a, pas de contrat " s'était interrogé Lemerre. J'ai alors vu l'angoisse monter chez Nidhal Selmi. C'était un gamin de 20ans, j'avais un lien avec lui presque filial. Comme c'était le rêve de toute sa vie, il était anxieux : "Qu'est-ce que je vais faire, monsieur Chokri Je vais signer un contrat ou non " Je lui répondais : "Travaille et laisse-moi m'en occuper." Il avait joué les sept premiers matchs de la saison, marqué deux buts et délivré trois passes décisives. En ce temps-là, j'étais en bons termes avec le président, et le coach était d'accord, c'était l'affaire d'un mois. Et puis, il a disparu. Ce que ne dit pas l'ancien éducateur de l'ESS, en Nike Air Max Tn congé sabbatique depuis cet été, c'est que ElHamra (la Rouge), le surnom de l'équipe du Sahel, a jusqu'au 15janvier pour signer son prometteur latéral droit afin de pouvoir l'aligner en championnat. Ce ne sera jamais le cas. Parce que le joueur est victime d'une contusion à la cuisse, et que les dirigeants préfèrent attendre. Zied Jaziri, le directeur sportif, ancien joueur de Troyes, convient de son cté qu'il connat très mal les jeunes de l'équipe espoirs. Selmi ne signe donc pas dans le club de son cur. Contacté en Belgique, là où il réside, pour donner son avis sur le joueur et les raisons de ce couac, Roger Lemerre, qui a quitté la Tunisie l'été dernier sur une victoire en Coupe et des promesses non tenues, botte en touche et s'arrange quelque peu avec la réalité : Non, non, je ne connais pas ce joueur. Je ne vois pas de Nike TN Requin qui vous parlez. Allez, au revoir… Emblème. Né le 31janvier 1993, Nidhal Selmi grandit à Hammam Sousse, une petite ville de la banlieue nord de la métropole sahélienne, dans une famille de la classe moyenne. Mère au foyer, père garagiste, un frère ané donc, et deux jumeaux, neuf ans plus jeunes que lui. Comme bon nombre de ses potes, il prend une licence, dès l'age de 7ans à l'ESS, l'emblème de toute la région. La sélection est impitoyable. Chaque année, il doit prouver son niveau auprès des éducateurs afin de passer à l'échelon supérieur, comme à l'école. La formation dispensée à l'Etoile est une des meilleures du continent. Elle colle aux racines du club qui promeut alors ses jeunes au plus haut niveau. On a passé plus de dix ans ensemble, se souvient Zied Essoussi, un coéquipier depuis l'enfance, qui évolue aujourd'hui dans nike tn shox pas cher l'équipe fanion de l'Etoile. C'était un gamin comme les autres, normal. Calme, gentil, drle. Charismatique aussi. Tout le monde l'adorait. Encore plus proche de Nidhal Selmi, Chiheb BenFradj se rappelle d'innombrables moments passés avec des jeux vidéos, des dominos ou des cartes : On évoluait cte à cte, sur le terrain comme dans la vie. Bon, à l'école ce n'était pas a, il a redoublé deux fois au lycée des jeunes filles de Hammam Sousse. Il aurait d passer le bac en juin mais il est parti avant… Wahlid (1), un autre gars de son cercle d'intimes, renchérit : Nidhal était souriant, focalisé sur le foot, où il était sérieux. En même temps, il aimait bien faire le fou. Amener des fumigènes au stade lors des matchs de l'Etoile alors qu'il savait que c'était interdit, conduire vite en scooter. Comme nous tous, il aimait faire des conneries. Pareil pour la prière. Dans la salle réservée au club, parfois il la faisait, d'autres fois non. Jusqu'à ses 15ans, Rayan, son ané, est dans les parages. Il joue lui aussi à l'Etoile du Sahel mais ne passe pas le cut pour accéder aux cadetsA, il est hors liste dans le tri sélectif établi par les entraneurs de jeunes chaque fin de saison. Il signe alors à Hammam Sousse, dont l'équipe première évolue en Ligue2. Bientt, le football ne sera plus qu'un doux souvenir pour lui. Brillant à l'école, il s'envole en2010 pour LeCaire, où il suit des études de théologie à l'université historique Al-Azhar (la Splendide). Sami Msolli, ancien éducateur des jeunes de l'ESS, entre2006 et2010, qui s'est occupé des deux frères, Nidhal et Rayan : Rayan était plus réservé que son jeune frère. Il communiquait peu avec les autres et paraissait distant. On ne savait jamais ce qu'il pensait. Peut-être a-t-il eu une mauvaise influence sur Nidhal De son cté, Nidhal franchit les étapes parsemant le parcours d'un apprenti footballeur haut la main. Il fait l'unanimité sur et en dehors du terrain, à la notable exception de Zouheir BenHenia. Cet avocat spécialisé en droit des affaires, la cinquantaine fatiguée, chemise blanche et pantalon en tergal, était alors président de la commission disciplinaire de l'ESS : Nidhal Selmi aimait la vie et voulait réussir. Il avait une forte personnalité, mais s'énervait vite et devenait quelqu'un d'autre si les choses ne tournaient pas comme il voulait. Il ne respectait ni les dirigeants ni ses collègues. Il est souvent passé devant la commission de discipline. Un avis vite balayé par ses coéquipiers et amis, dont Moemen Brahmi, un gardien chez les minimes, parti vivre à Tunis et mais resté longtemps en contact avec Selmi. Ce n'était pas un radical. Il était droit et avait reu une bonne éducation. Il possédait un bon caractère, faisait parfois le pitre quand on gagnait et n'avait de problèmes avec personne. Quand il ne brille pas sur les terrains ou ne glande pas à l'école, Nidhal s'amuse. Il a 17ans, sort dans les botes de Sousse, drague les filles et s'habille fashion. Chokri Aissa, l'entraneur des espoirs de l'Etoile sportive du Sahel : Il avait toujours des fringues signées, un pantalon Adidas, une veste Nike, du gel dans les cheveux. Il faisait attention à lui. Le père de Nidhal Selmi lui prête même une BMW qu'il s'empresse de plier. a jase à l'Etoile mais, après tout, Nidhal reste sérieux dès qu'il s'agit de sa formation de footballeur. Rigueur. L'année suivante, en2011, la révolution change la donne en profondeur. Soudainement, il s'est mis à aller régulièrement à la mosquée et ne rigolait plus comme avant, explique son ancien coéquipier Zied Essoussi. Nidhal est devenu encore plus sérieux au foot et ne déconnait plus en dehors. Quelque chose avait changé, mais personne ne pensait à ce moment-là qu'il se radicaliserait. Dirigeants et entraneurs de l'ESS, qui ne le voient que dans le contexte du foot, vantent sa rigueur et son nouvel état d'esprit. Il passe juste un peu plus de temps dans la pièce dévolue à la prière. Et progresse à pas de géant, se rapprochant de l'équipe pro. Mohamed Ayachi, dirigeant de l'équipe sahélienne : Certains dirigeants voulaient qu'il arrête avec le gel dans les cheveux ou les bandelettes sur ses poignets, qu'il se concentre sur le jeu. Il a exaucé tous leurs vux. Il a fait une superbe deuxième partie de saison et a continué l'année d'après. Ses potes d'enfance constatent le changement sans s'affoler. Chokri Lamiri, ex-vice président du club : Quand un joueur dévie un peu, a devient vite dangereux. On doit les encadrer, faire le nécessaire. Pour Nidhal, c'est malheureusement trop tard. On en avait un autre au club, Amor Ragoubi, bien plus radical, mais lui a donné beaucoup de signes. On l'a suivi, et on a pu le convaincre. Nidhal n'a donné aucun signe. Aujourd'hui, Ragoubi est à Hammamet en Ligue 2, il n'est pas parti.
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